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© Idriss Chaïr
AD77, J103. Terrier de la Baronnie de Champs.

L’étude du château de Noisiel et de ses propriétaires sur la période 1675 à 1777 mobilise un corpus de sources particulièrement riche, tant par son volume que par la diversité de son contenu. Bien que ce corpus ne soit pas entièrement achevé au moment de la rédaction de cette présentation, les sources déjà retranscrites, lues et analysées permettent d’établir un premier état des lieux. Les types de sources mobilisées sont de nature plurielle et permettent donc une analyse plus fine de l’objet de recherche. Le corpus se compose principalement d’actes notariés, plus précisément de minutes notariales. Ces sources sont absolument nécessaires dans l’étude monographique d’un domaine et de ses propriétaires. Qu’il s’agisse d’actes de vente [1], de transactions [2], de baux [3], etc. tous ces documents renseignent de manière directe ou indirecte sur l’histoire du château de Noisiel et de ses occupants.

Le document qui guide essentiellement mes recherches est un registre de la baronnie de Champs [4], dont l’amplitude chronologique s’étend de 1122 à 1782. Bien que l’auteur et la date de production demeurent inconnus, il est probable que cet ouvrage ait été commandé par la famille Michel, alors propriétaire de la seigneurie de Champs, et, à partir de 1777, de celle de Noisiel. Cette hypothèse pourrait expliquer la mention d’actes notariés relatifs à la seigneurie de Noisiel dans ce registre. Le registre de la baronnie de Champs est un terrier [5] faisant la compilation de nombreux documents relatifs à la seigneurie de Champs – inventaire des titres, droit de chasse, de pêche, d’échange, registre des audiences ordinaires, etc. La dernière section de l’ouvrage propose un inventaire particulièrement riche concernant la seigneurie de Noisiel. Elle contient notamment une transcription des minutes notariales relatives à divers événements, tels que les ventes de la seigneurie, le mariage d’un des propriétaires, ou encore des transactions avec le seigneur de Champs. Cette source précieuse permet d’identifier les différents notaires et facilite ainsi grandement la recherche d’actes concernant le château de Noisiel. Les actes de ventes sont également des sources dont l’importance est capitale pour étudier l’architecture, la distribution intérieure ou bien encore le mobilier. Les actes de ventes qui sont étudiés ici sont assez inégaux quant à leurs contenus. L’acte de vente du 28 juin 1766 s’accompagne d’un inventaire détaillant le mobilier du château pièce par pièce, contrairement aux autres actes, plus succincts, qui se concentrent principalement sur les terres aliénées à la seigneurie. En 1771, le seigneur de Noisiel fait faire une estimation de ses biens par un notaire [6]. Ce document brosse un portrait détaillé du domaine et plusieurs pages décrivent le château de manière précise, par exemple la mention du type de sol (pavé) ou encore le type de plafond (poutre et solives). 

Plusieurs sources imprimées seront mobilisées pour étudier le château de Noisiel, afin de le situer dans un contexte architectural précis. Les traités et cours d’architecture de Jacques Androuet du Cerceau [7], François Blondel [7], Charles-Étienne Briseux [9] ou encore Jean Mariette [10] se révèlent particulièrement pertinents pour analyser les apports, les originalités, ainsi que les similitudes entre le château de Noisiel et d’autres maisons de plaisance anciennes ou contemporaines à ce dernier.

Les sources iconographiques ne feront pas défaut dans les recherches concernant le château de Noisiel. Bien que les gravures et les plans de l’intérieur du château soient pour l’instant absents du corpus, les cartes représentant le domaine apportent des éléments d’étude intéressants. La planche cinquante-et-une, dans le second volume sur la généralité de Paris, dans l’Atlas Trudaine [11], cartographie les seigneuries de Champs et de Noisiel. L’étude de cette planche permet de comprendre l’agencement, la disposition du château et l’étendue du parc entourant celui-ci. Dans la continuité de cette carte du XVIIIe siècle, en 1798, la famille de Lévis commande un plan du château et de ses dépendances dans le but d’en faire une estimation [12]. Bien qu’il soit postérieur à la période étudiée, celui-ci n’est pas très éloigné et ce plan permet donc d’apprécier comment le château de Noisiel s’organise. 

 

Idriss CHAÏR

Masterant en histoire moderne

 


[1] AN, MC/ET/LXXVII/1 & AD77, 158F6. Achat de la terre de Noisiel le 10 avril 1675 par Louis Mallet du Luzart auprès de Charles Gruyn des Bordes. ; AN, MC/ET/CXXI/272. Achat du château et de la terre de Noisiel le 30 octobre 1725 par Claude Louis Lombard d’Ermenonville auprès d’Yves-Louis Dieudonné Mallet du Luzart ; AN, MC/ET/XC/428 & AD77, 158F6. Achat du château et de la terre de Noisiel le 28 juin 1766 par Aymar Félicien Boffin de la Sône auprès de Renée Catherine de Chavaudon de Saint-Maure ; AN, MC/ET/XC/472 & AD77, 151F1. Achat du château et de la terre de Noisiel le 29 mars 1777 par Anne Bernier auprès de Noël Félicien Boffin de la Sône.

[2] AD77, 151F1. Transaction entre le seigneur de Champs Nicolas Faure de Berlize et le seigneur de Noisiel Louis Mallet du Luzart concernant la limite des deux terres, 1698.

[3] AN, MC/ET/XIV/341. Bail du moulin à eau de Noisiel, le 8 mai 1751.

[4] AD77, J103. Terrier de la baronnie de Champs.

[5] G. Cabourdin et G. Viard dans leur Lexique historique de la France d’Ancien Régime définissent un terrier, comme « un registre qui renferme les lois et usages d’une seigneurie, les droits et conditions des personnes et des biens-fonds dans l’étendue de la seigneurie, les déclarations des censitaires, les baux à cens, les procès-verbaux des limites de justice, le dénombrement de tous les droits de la seigneurie. ». Le registre de la baronnie de Champs entre dans cette définition. CARBOURDIN Guy & VIARD Georges, Lexique historique de la France d’Ancien Régime, Armand Colin, coll. U, Malakoff, 2012, 331 p.

[6] AN, Z/1J/953. Visite et estimation de la terre et seigneurie de Noisiel-sur-Marne de la succession et communauté de monsieur de la Sône.

[7] ANDROUET DU CERCEAU Jacques, Livre d’architecture de Jaques Androuet du Cerceau, 1615, 27 p.

[8] BLONDEL Jacques François, Cours d’architecture, ou, Traité de la décoration, distribution & construction des bâtiments, volume I, Desaint, Paris, 1771, 478 p ; BLONDEL Jacques François, De la distribution des maisons de plaisance et de la décoration des édifices en général, volume I, Jombert, Paris, 1737, 198 p ; BLONDEL Jacques François, De la distribution des maisons de plaisance et de la décoration des édifices en général, volume II, Jombert, Paris, 1738, 180 p.

[9] BRISEUX Charles-Étienne, Architecture moderne ou L’art de bien bâtir, Jombert, Paris, 1728, 190 p ; BRISEUX Charles-Étienne, L’art de bâtir des maisons de campagne, Prault, Paris, 1743, 195 p.

[10] MARIETTE Jean, L’architecture française, Mariette, Paris, 1727, 304 p.

[11] AN, CP/F/14/8444. Atlas Trudaine, généralité de Paris, volume II, planche n°51.

[12] AD77, 150F5. Plans servant d’annexes au procès-verbal d’estimation des biens de la succession de la veuve de Lévis : château de Noisiel, ferme du Buisson et ferme de Lognes. 1798.

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