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La région lilloise doit se comprendre dans un vaste ensemble : Lille, Roubaix-Tourcoing et Armentières. Cette partie de la France est classée comme étant la première région économique française grâce à un essor fulgurant autour de l’industrielinière, cotonnière et lainière à partir des années 1820-1840. Cette région est couplée avec des zones où, par-delà la frontière, on file et on tisse des toiles de lin à domicile ou dans des usines mécanisées. La ville belge de Gand est l’alter égo de Roubaix en matière de développement industriel autour du coton. Cette zone de grand espace, où les frontières n’existent pas, va faire l’objet d’un grand remue-ménage au sein d’une aire qui comprend les Flandres orientale, occidentale, côté belge, intérieure et wallonne côté français.

Côté belge, il y a une prédominance de la langue flamande (mais la bourgeoisie à Gand parle le français). Côté français, seuls les ouvriers de Flandre intérieure s’expriment dans cette langue.

I - Le grand remue-ménage 1840-1880

La région lilloise, cadre de cette étude qui gagnerait à englober la partie belge de l’aire productive ainsi définie ci-dessus, va faire l’objet d’un remue-ménage activé par les allées et venues de jeunes ouvriers pour l’essentiel originaires des campagnes et des villes de cette région transfrontalière. Il s’agit, pour l’essentiel, de jeunes célibataires ou de jeunes parents ayant peu d’enfants. Les gens ne déménagent pas d’une ville à une autre pour y rester de manière définitive. La plupart du temps, il s’agit plutôt de populations nomades arrivent en un lieu et repartent le cas échéant à leur guise. Cette région est un fantastique laboratoire qui permet de comprendre quelles sont les principales caractéristiques des migrations du 19ème siècle en France ; par exemple jusqu’en 1880, 40% des étrangers en France sont des Belges.

D’autres bassins de vie bordent cette vaste zone de nomadisme : au sud-est, le Bassin de la Sambre est réservé à la sidérurgie ; au sud et au nord-est, les bassins miniers du Nord-Pas-de-Calais et du Borinage sont alimentés en main-d’œuvre par des populations plus locales. Pour l’essentiel, les comportements gyrovagues de la région lilloise sont donc propres à une vaste zone textile.

A) Les turbulences de la mobilité résidentielle

Il se produit une croissance urbaine extraordinaire dans la région lilloise. La ville de Roubaix, par exemple, voit sa population passer de 10 000 à 120 000 habitants dans le siècle. On n’arrête pas d’y construire puisque les gens ne cessent d’arriver. Jusque dans les années 1870, le solde naturel (différences entre les naissances et les décès) est presque toujours inférieur au solde migratoire (différence entre les entrées et les sorties). Celui-ci est alimenté par l’arrivée de jeunes couples qui vont ensuite contribuer à inverser la tendance :  si le solde naturel prend ensuite le dessus, c’est là le résultat de la forte poussée du solde naturel antérieurement. Plusieurs raisons à ces fortes turbulences migratoires : une crise structurelle du tissage à domicile en milieu rural, mais aussi la famine du coton qui,entre 1861 et 1865 (guerre de Sécession) perturbe gravement l’activité productive sans que le lin et la laine ne parviennent à se substituer réellement au travail de la fibre importée d’outre-Atlantique. Il s’agit d’une crise économique majeure qui va pousser de nombreuses familles flamandes côté belge à quitter leurs terres pour la France où la crise, réelle, est cependant moins sévère. Du côté belge, c’est alors la misère noire. 

Les petites villes textiles d’Armentières et d’Halluin ont également accueilli d’importantes migrations. La ville d’Armentières devient le premier centre de l'industrie linière en France. Et c’est grâce aux registres d’arrivées et de sorties que l’on sait qu’entre janvier 1853 et juin 1858, la ville d’Armentières a accueilli 1881 personnes tandis qu’entre juin 1846 et juin 1858, il y a 1158 personnes qui quittent la ville. Ce turnover important se fait sur un fond de solde migratoire là aussi positif. A Armentières, la croissance démographique est à 80% de solde migratoires, voire 90% à certains moments. Toutefois, pour 3 personnes qui arrivent, 1 personne part. La ville grandit de façon verticale, et non horizontale ; c’est-à-dire qu’en 1856, la moitié des maisons sont constituées par un rez-de-chaussée tandis qu’en 1886, il n’y a plus que 20% des maisons qui sont constituées par un rez-de-chaussée. La moitié des maisons ont un deuxième niveau et ¼ ont un deuxième étage. La ville s’est totalement transformée. Le cas d’Armentières est le même que pour Halluin. Le brassage de la population est réalisé par des familles ou des individus isolés qui ont au moins, depuis leur point de départ, 3 étapes accomplies avant d’arriver à Armentières, et qui en feront encore 1 ou 2 après. C’est ce qu’on appelle des déplacements en droiture, qui sont d’ailleurs rares. 

Il y a deux hypothèses pour expliquer ce phénomène. Soit ce sont des populations qui font une étape par Gand ou une autre grande ville pour faire l’apprentissage du milieu urbain avant de passer en France. Soit ce sont des étapes accomplies puisque les gens passent par des petites villes avant d’aller dans les grandes villes. Mais ce n’est jamais l’inverse ; on ne va jamais de la grande ville à la petite ville. Il est intéressant de noter le fait que la notion de frontières n'existe pas dans la tête des gens de l’époque. Elle n’existe que pour l’État afin de signer les papiers. Et il en sera ainsi jusqu’à la 1ère guerre mondiale.

B) L’impossible cartographie des flux de population

Mais suivre les familles et comprendre les flux de population reste fort difficile à cartographier. Si les registres d’entrées et de sorties nous fournissent les étapes effectuées entre le lieu de naissance et la commune d’arrivée, on ignore tout du rythme des migrations, puis de leur éventuelle poursuite en cas de nomadisme au-delà de la date de départ mentionnée dans ces registres. Quant aux actes de mariage, ils sont encore plus pauvres : on ne sait rien de l’itinéraire emprunté par tous ceux qui, arrivés à un point B, sont nés, parfois trois ou quatre décennies plus tôt, à un point A.     

Quand bien même les informations peuvent être plus fournies, la cartographie reste incapable de nous fournir une information visuelle de ces mouvements de populations. Le chercheur est le plus souvent réduit à :

- représenter des zones de départ et d’arrivée ;

- à reconstituer le parcours de quelques familles représentatives des comportements migratoires de l’ensemble des populations concernées.

En un mot, les représentations cartographiques ne rendent jamais compte des mouvements migratoires du plus grand nombre dans toute leur complexité.

C) Populations flottantes, populations invisibles

On ne saisit pas toutes les migrations puisque certaines n’ont pas de documents. Il y a énormément de Belges qui passent la frontière en n’étant pas déclarés ou bien, s’ils le sont, c’est pour un séjour temporaire.  Ils sont domiciliés en Belgique, passent la frontière et viennent en France puis repartent au bout de quelques semaines ou quelques mois. Il y en a beaucoup qui migrent ainsi en direction de l’industrie textile organisée en ateliers peu équipés ou vers l’agriculture lors des moments de presse. D’autres, moins nombreux probablement mais plus « perturbateurs », sont des mendiants. Tous composent une population flottante qui va et qui vient.

Un exemple : la commune d’Halluin est située à l’extrême frontière, formant en quelque sorte une pointe avant dans le territoire belge. Cette commune a pris une grande importance depuis que des droits protecteurs ont été appliqués à l'importation des toiles belges et que sa fabrication occupe non seulement les bras des ouvriers qui habitent le territoire de la commune mais également les bras d’un grand nombre d’ouvriers belges qui viennent en France pour trouver un travail mieux rétribué que celui se trouvant dans leur pays. On parle ici de migration pendulaire qu’on ne voit pas dans les archives. On peut rapidement rappeler la loi du 9 septembre 1848 qui interdit de faire travailler les ouvriers plus de 12 heures dans les ateliers de plus 20 travailleurs. Mais la loi ne s’applique pas aux entreprises qui ont moins de 20 ouvriers.

De là est venue la nécessité de créer des constructions où ces ouvriers, moyennant une location fixée à un franc par mois, trouvent un métier à tisser et un espace suffisant pour tisser des toiles. Ces ouvriers ramènent de quoi manger et prennent une pause dans leurs longues heures de travail avant de repartir le soir à pied côté belge. Mais ils peuvent aussi décider de loger à la semaine dans des petites chambres dans les communes où ils résident. Au milieu du 19ème siècle, on a des sortes de migration pendulaire avec des ateliers de métiers à bras qui n’ont aucune existences légales.

II - Les ressorts des mouvements migratoires

A) L’offre d’emploi

Ces migrations reposent surtout sur l’offre d’emplois. Mais il y aussi la contrainte de quitter sa terre lorsqu’il n’y plus de quoi subvenir à ses besoins. L’offre de travail est d’abord le fait des patrons du textile qui n’ont de cesse de faciliter l’arrivée de travailleurs belges quand ça les arrange. On peut prendre en exemple le grand filateur Roubaisien, Louis Motte-Bossut qui écrit au préfet de la ville en 1852 que “le développement de l’industrie mécanique souffre du manque de main d’œuvre local. […] La sévérité du commissaire de police en ce qui concerne les papiers des étrangers n’est pas de mise devant la pénurie actuelle. Quant sera-t-il dans 6 mois quand peignage, tissage et filature en construction réclameront leur contingent de bras. Il nous faudra 2000 ouvriers en plus et nous devrons les appeler de la Belgique par l’élévation de nos salaires. Profitons-en de les embaucher pendant qu’on peut les payer peu.”

Pour déterminer les niveaux de salaire, les patrons sont en concurrence les uns avec les autres. Mais ils s’accordent tous en déterminant un seuil de misère. Ils fixent les salaires juste au-dessus pour avoir de la main d'œuvre sans trop la payer. Selon le bassin d’emploi où se trouve l’ouvrier, il y a des niveaux de salaire différents qui dépendent du niveau de vie et des ressources locales. Par exemple, en Belgique, les Belges et les Flamands sont habitués à vivre plus misérablement que les habitants de la région lilloise. Et en leur proposant d’être un peu mieux payée, ces ouvriers acceptent de venir côté français. La Gazette de Flandre, qui n’est pas un journal « révolutionnaire », dit dénonce d’ailleurs les employeurs qui exploitent cette main-d’œuvre en plongeant celle-ci dans des conditions matérielles lamentables en termes d’habitat et de ravitaillement, quitte à ne pas payer ces ouvriers si le travail proposé pour lequel on les a fait venir ne se concrétise pas.

Une forme de migration reste cependant bien spécifique : celle des ouvriers qualifiés, formés dans l’industrie gantoise. Les mécaniciens sont ainsi très demandés puisqu’ils réparent les machines textiles. Au milieu du 19ème siècle, ces machines tombent fréquemment en panne. Les fileurs sont également très recherchés puisqu’ils savent diriger les nouvelles machines qui arrivent au milieu du siècle, les self-acting. Les fileurs surveillent leur propre travail et commandent tous les rattacheurs de toutes les manières, parfois même en utilisant la manière forte afin de renouer les fils cassés. Un fileur est très bien payé malgré sa courte carrière. Jusque dans les années 1860, les fileurs viennent de Gand, car ils sont compétents. On les importe de Gand, bien plus que les tisserands. Il y a un véritable besoin de main d’œuvre qualifiée… et c’est donc en Belgique, exceptionnellement en Angleterre qu’on les trouve, du moins avant que, dans la seconde moitié du siècle, les ouvriers français ne soient formés pour les compétences les plus élevées.

B) Portrait-robot du migrant

La plupart du temps, les migrants sont de jeunes adultes de sexe masculin ou de jeunes couples sans enfant ou avec peu d’enfants ; c’est-à-dire tous ceux qui sont les plus mobiles.

On connaît déjà le cousin, le voisin qui habitent déjà sur place. On est donc en  pays de connaissance. C’est grâce à nos proches qu’on trouve un logement. Il arrive d’ailleurs que les  premiers belges exploitent sans vergogne leurs compatriotes qui arrivent au cours de la deuxième vague.   

III - Une intégration chaotique ?

L’intégration de ces populations n’a pas été facile, ne serait-ce qu’à cause de l’obstacle de la langue. Fort répandue, la délinquance peut être mesurée grâce aux registres d’écrou. Tout individu étant condamné entre 15 jours et 5 ans d’emprisonnement sera enregistré lors de son admission à la prison d’arrondissement.

A) Une population délictueuse

Ceux-ci sont conservés pour l’arrondissement de Lille à partir de 1866. On a les nom, prénom, âge, lieu de naissance, lieu de domicile, profession et mention de la raison de son emprisonnement. Mais on ne sait rien des victimes ni des lieux du délit et on reste continuellement soumis aux fluctuations de l’activité répressive : les délits reflètent-ils la réalité de la délinquance ou bien l’activité évolutive de l’action policière puis judiciaire ? Trancher entre ces deux données est impossible.  C’est pourquoi il faut raisonner sur de grandes masses et s’attacher simplement à déceler les grandes tendances d’une évolution de la délinquance.

La répartition par genre est remarquablement stable : 85% des délits sont le fait d’hommes, 15% sont commis par des femmes. Cette proportion ne bouge pas. Les atteintes aux biens représentent 40% des délits dans les années 1860 à Lille. Il s’agit le plus souvent de vols simples. Rien de surprenant à cela. En revanche, les coups et blessures comptent pour 12% des mises sous écrou. Cela permet de comprendre les rapports sociaux dans ces milieux populaires tout en nourrissant les statistiques.

Sur le long terme et à partir des années 1880, la délinquance se tasse à partir du moment où prennent de l’importance les organisations de solidarité au sein du monde ouvrier (les coopératives, les syndicats, les partis politiques). C’est à ce même moment qu’on voit se multiplier des associations de sport, comme si l’encadrement de la population contribuait, à terme, à une diminution de la délinquance.

Toutefois, toutes les villes ne sont pas à égalité devant cette petite délinquance. Ainsi, Tourcoing et Roubaix, deux villes jumelles, génèrent des niveaux de délinquances très différents. A Roubaix, il y a durant toute une année 1251 écroués tandis qu’à Tourcoing il y en a 345. Il y a donc, ramenés aux chiffres de population des deux communes, 3 fois plus de délinquants à Roubaix qu’à Tourcoing. Les policiers roubaisiens seraient-ils plus actifs que ceux de Tourcoing ? Lorsqu’on isole les délits pour coups et blessures, on remarque qu’il y a 10 cas à Roubaix pour 1 cas à Tourcoing. C’est là une disproportion trop massive pour ne pas avoir une ou plusieurs explications. Cette disproportion est à rapprocher de ce que nous apprennent les cartes. A Roubaix, tous délinquants confondus, lesq migrants écroués viennent de Flandre occidentale mais aussi de Gand. A Tourcoing, la grande majorité vient de Flandre occidentale, bien moins de Gand. Cela veut dire que la population qui arrive à Tourcoing est majoritairement une population rurale, catholique qui travaille dans des industries dispersées et qui a un comportement très docile. La population qui arrive à Roubaix venant de Gand est  bien plus turbulente et agitée.

Par conséquent, au cours des années 1840-1850, Roubaix a beaucoup plus de difficultés à gérer les populations migrantes que Tourcoing. Mais ces populations, notamment de jeunes hommes, vont finir par trouver le chemin de l’intégration. L’accouplement a des vertus apaisantes…

B) Un phénomène d’osmose ?

Le mariage est le principal vecteur, semble-t-il, d’une intégration à la population locale. En 1860, les mariages des hommes et femmes belges/flamands se font avec une personne de la même origine ethnique. Entre 1880 et 1889, il n’y a plus que la moitié des hommes et 60% des femmes qui le font. Et dès 1890, la tendance s’inverse avec une majorité de mariages mixtes entre Français et Belge. Ce mélange se fait donc en une génération et au prix d’un décalage entre la représentation et la réalité.  Un médecin, le docteur Faidherbe affirme à la fin du siècle que “depuis 1856 surtout, Roubaix a dû sa croissance rapide à l’arrivée en masse d'éléments étranger qui, au lieu de s’assimiler, ont submergé la population primitive. Cette accumulation d’étrangers tend à modifier les caractères propres des races. Toutefois il faut remarquer que le mélange des races se fait à un degré moindre qu’on ne saurait tenter de le croire à priori. Les étrangers immigrés dans notre ville tendent, ainsi qu’il arrive toujours dans un endroit où ils sont rassemblés et où de nombreux individus de même origine vivent entre eux, et à former des groupes distincts. Ainsi l’assimilation est-elle sinon nulle, du moins aussi faible.” Il n’en est rien : aux mariages mixtes s’ajoute la scolarisation, l’obligation scolaire notamment : les enfants qui fréquentent les écoles apprennent à parler le français. Mais cette influence même est parfois insuffisante pour les faire tendre à une assimilation plus complète. Elle sera peut-être obtenue plus facilement et profondément grâce au service militaire, du moins pour ceux qui franchissent le pas en se faisant naturaliser. En 1860, les mariages des hommes et femmes belges/flamands se font avec une personne de la même origine ethnique. Entre 1880 et 1889, il n’y a plus que la moitié des hommes et 60% des femmes qui le font. Et dès 1890, la tendance s’inverse avec une majorité de mariages mixtes entre Français et Belge. Ce mélange se fait en 1 génération et avec un décalage entre la représentation et la réalité. Le mariage est le premier vecteur. Le second est celui du monde du travail qui amène de nombreux comportements politiques.

C) Immigration et socialisme

A partir de 1892, Roubaix est considérée comme la ville sainte du socialisme et possède, en Jules Guesde, une figure emblématique du mouvement révolutionnaire. C’est là une situation qui trouve ses origines dans la circulation des idées politiques de part et d’autre de la frontière. France septentrionale et Flandre occidentale/orientale sont alors un point de contact entre un socialisme révolutionnaire qui serait au sud et un socialisme réformateur qui se trouverait au nord de l’Europe. Aussi, de part et d’autre de la frontière, on assiste à des jeux d’influences qui, par diffusion, réception et jeux d’influence, modèlent les comportements politiques. Le premier mouvement est impulsé par des proscrits de l’empire composé d’opposants à Napoléon III qui émigrent en Belgique durant le Second Empire. Ils contribuent à édifier un socialisme gantois particulièrement dynamique qui, à son tour, essaime. Très vite, ce sont des militants roubaisiens, tourquennois, lillois qui se rendent à Gand grâce aux lignes de chemin de fer quand ce ne sont pas les militants socialistes belges qui viennent tenir des sessions de formations non loin de la frontière, côté belge, à destination des militants français. Le voyage en Belgique va devenir une sorte de tradition dans les milieux du socialisme nordiste et français. Il y aura même des revues qui vont être couplées. On peut citer Le mouvement socialiste pour le côté français, et L’avenir social du côté belge. 

De fil en aiguille, on adopte dans les villes françaises le système coopératif qui vient de Belgique. On crée des coopératives pour que la vie soit moins chère, moins dure et pour que chacun puisse augmenter son pouvoir d’achat. Ces coopératives seront des lieux de fermentation des idées socialistes ; celles-ci débouchent sur la création de partis politiques comme le Parti Ouvrier Français (POF) de Jules Guesde qui sera directement influencé par le socialisme de Gand. En 1892, l’accession à la mairie de Roubaix des Guesdistes est le point d’orgue de cette fermentation des idées socialistes. Mais si Roubaix tombe dans l’escarcelle du mouvement révolutionnaire, Tourcoing reste une ville conservatrice, comme si l’origine de sa population venue de Belgique pesait, pour partie, sur les comportements électoraux.

Conclusion

Entre 1840 et 1880, autochtones et migrants se fondent ensemble par osmose mais non sans difficultés. Mais le temps fait son œuvre et ceux que l’on surnommait « les pots de burre » font de Roubaix la première ville belge de France. Toutefois, ce processus d’intégration, voire d’assimilation, déborde du cas roubaisien et concerne, à des degrés divers, l’ensemble de la région lilloise.

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